Les élevages de la Ferme Céres


J’élève des animaux rustiques adaptés à l’élevage extensif en plein air intégral. Les races de ces animaux sont menacées d’extinction car elles ne répondent pas aux objectifs de l’agriculture productiviste. Leur sauvegarde est nécessaire pour conserver une diversité génétique à nos animaux d’élevage. Pour ces races à faible effectif, je suis particulièrement vigilante aux problèmes de consanguinité et je choisi mes reproducteurs avec soin pour la limiter.

 

Nymphea vache aurochs reconstitué sous la neige, remarquez son poil isolant
Nymphéa, à l'aise sous la neige

Pour qu’ils gardent intacte leur rusticité, j’élève mes animaux dans des milieux naturels aux conditions climatiques pouvant paraître difficiles. L’influence de ces conditions sur le mode de vie et la croissance des animaux est analysée et permet de connaître les limites de leur rusticité. Ainsi, les interventions sanitaires sont raisonnées et adaptées à un élevage extensif qui respecte le bien-être des races particulières que sont le Camargue et l’Aurochs. Les animaux rustiques ont besoin de temps pour se constituer un squelette costaud et des muscles de qualité. Je tâche de leur en donner la possibilité…

 

Les traitements ne sont jamais réalisés en prévention, mais seulement quand ils sont nécessaires, ou obligatoires par la réglementation en vigueur. Les traitements "alternatifs" (phytothérapie, aromathérapie) sont bien entendu privilégiés. Les animaux ont accès dans leurs parcs à diverses plantes qu’ils savent d’instinct utiliser à bon escient pour se soigner eux-mêmes, les plus expérimentés éduquant les jeunes. C’est une des raisons pour laquelle les animaux sont conduits en groupes sociaux complémentaires : les jeunes restant toujours avec leur mère ou un "parrain". Les entiers qui ne reproduisent pas sont regroupés, cela permet, en leur inculquant les règles de la hiérarchie et les jeux d’intimidation ou de compétition propres aux mâles, de les rendre plus costaud et bien dans leur tête. On obtient par exemple un étalon reproducteur sain, franc et droit, qui pourra être monté au milieu des juments ou tenu par un enfant sans soucis, ou encore un taureau froid que l’on pourra caresser et attraper en plein champ, sans couloir de contention.

 

Les bovins et les chevaux sont mélangés, car leurs modes de pâturage se complètent. Les parcs sont grands (de 4 à 12 ha) et reproduisent l’habitat des herbivores sauvages : prairies, boisement pour la protection des aléas climatiques et des insectes, ruisseaux ou sources non stagnantes pour l’apport en eau fraîche et pure. En hiver, du foin est distribué en quantité suffisante pour limiter la concurrence alimentaire. De plus, les animaux ont accès à des plantes ou arbustes ligneux et des fruits ou glands, ce qui leur permet d’avoir une alimentation diversifiée et correspondant à leurs besoins naturels. Du sel et des minéraux sont également mis à disposition toute l’année en libre-service et à volonté, les animaux se régulant d’eux-mêmes.


Toutes les étapes de la reproduction se déroulent en liberté. De la saillie à la mise bas, jusqu’aux premiers mois de la vie du petit, très importants pour que la mère et le restant du troupeau puisse éduquer les jeunes. Aucun sevrage n’est effectué avant que le petit ne puisse être totalement indépendant alimentairement. Aucune complémentation alimentaire spécifique n’est apportée aux reproducteurs ou aux jeunes, je préfère faire se reproduire les animaux quand la végétation disponible naturellement peut répondre à leurs besoins (naissances entre mars et juin pour les bovins ; et de mai à juin pour les chevaux). En dehors des critères esthétiques et rustiques recherchés, je sélectionne particulièrement les femelles reproductrices pour leurs qualités maternelles et leur capacité à transmettre leur "savoir" à leurs petits ; chez les mâles je recherche principalement un caractère franc et la capacité à mener leur troupeau sans le dominer, ainsi que la douceur et le respect envers les femelles et les jeunes. Les animaux ne sont mis à la reproduction qu’à partir de 3 ou 4 ans, quand leurs squelettes commencent à être suffisamment fort pour le supporter et qu’ils sont mentalement prêts à procréer.